mardi 12 mai 2009

Expo Eggleston, Paris - Fondation Cartier -




Par où commencer ? Je m'explique; tout d'abord nous descendons l'escalier et arrivons dans l'espace d'exposition, nous pouvons le distinguer en deux parties, un salon avec un piano et des canapés en cuir marron, des murs peints en rouge vif et un texte qui nous explique le propos de l'exposition, puis l'espace dédié aux photographies et dessins sur des murs blancs, quelques tables vitrées où sont disposées les maquettes du catalogue de l'exposition.
L'exposition présente donc des travaux de William Eggleston sur Paris que la Fondation Cartier lui propose de réaliser. Nous apprenons que l'artiste travaille sur le sujet depuis 2006, qu'il est venu pour 4 séjours à Paris où il a réalisé les photos qui sont exposées. Il travaille sur le mode des promenades photographiques, la banalité du quotidien, la spontanéité, la photographie "démocratique"...
Soit, entrons et nous verrons.
Effectivement, Eggleston retranscrit très bien la banalité du quotidien, avec des couleurs criardes, une lumière zénithale, apporte sa touche incomparable avec des décadrés forcés. Les images les plus intéressantes sont notamment celle de l'affiche, qui est vraiment à part, et trois autres ( les fauteuils de théâtre, les sculptures, les animaux empaillés) qui sont dans la veine de Wolfgang Tillmans avec des couleurs passées, des flous de bougé...
Eggleston soutient "... au delà de mon style, je fais des photos qui n'ont jamais été faites auparavant, par personne. Je ne le fais pas exprès, c'est comme ça. Elles ont l'air de moi, et seulement de moi ! Mais ce n'est pas quelque chose que je fais volontairement, c'est comme ça."

Comment expliquer tout cela ? Laissons lui tout de même une chance, il explique qu'il a la même façon de photographier dans tous les endroits où il va, que Paris ne fait pas exception. Quand on se penche sur ses photos de Memphis, quelle est la différence ? il y a beaucoup plus de portraits (réussis), de paysages américains typiques ( stations services, dinners ...). La véritable différence, c'est le cadrage qui est plus soigné, c'est la lumière, qui est très spécifique et cinégénique, et le fait que ce soit son quotidien.
En appliquant la même recette, que voyons nous de Paris ? Ce que tout le monde voit de Paris, la lumière peu intéressante à cause de la hauteur des immeubles qui plonge la ville dans l'ombre, les cadrages qui ne sont pas à la hauteur de ce que nous pouvons connaître de lui, très peu de portraits ...
En réalité, la différence c'est que l'Amérique est dans l'inconscient collectif l'objet du reve et du fantasme. Quand il integre des images (affiches ...) dans ses photographies c'est pour nous parler de quelque chose qui fais sens pour les spectateurs du monde entier, pour nous parler d'une culture globale, d'une culture exportée, d'une periode. Lorsque l'on photographie un dinner, c'est lisse, clinquant, la lumière s'accroche, l'oeil est flaté, c'est du cinéma. L'Amerique EST une esthétique de surface,elle a quelque chose de lisse et de stylisée et c'est ça la différence avec Paris, qui est dans un charme profond, qui n'est pas visible au meme sens que les Etats-Unis, il est perceptible quand on le vit. En exportant sa façon de photographier à Paris, on se rends compte que quelque chose est perdu, qu'il n'y a plus de magie.

Ensuite, le fait qu'il soit étranger dans la ville est intéressant, il photographie des choses qu'il ne connaît pas de Paris ( qui ne sont pas les choses que les étrangers peuvent voir de Paris, ils doivent sortir des sentiers battus, du traditionnel "sight seeing tour" ) il met effectivement le doigt sur notre quotidien ( les camionnettes pleines de graffiti, les affiches de magazine TV ...) mais le problème c'est que cet homme est photographe, il doit s'intéresser à la pertinence de l'image qu'il nous délivre. Il a une responsabilité en nous montrant ces images et ces images de Paris ne font pas echo en nous.

Exposition William Eggleston, Paris à la Fondation Cartier pour l'art contemporain, du 4 avril au 21 juin 2009.

Cl.

1 commentaire:

blut a dit…

A ce propos, je conseille un magnifique documentaire :
« By the ways, a journey with William Eggleston » de Vincent Gérard & Cédric Laty.
Le DVD vient de sortir et il est en vente directement sur ce site:
www.lamplighter-films.com